Alimentation & Boisson
À la découverte du terroir et de la gastronomie de Hyogo : un véritable plaisir pour les yeux et le ventre !
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- NOM DE LA DESTINATION
- Hyogo
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- MOTS-CLÉS ASSOCIÉS
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- DERNIÈRE MISE À JOUR
- 10 Janvier, 2023
C’est par une fraîche matinée d’automne que je suis partie découvrir deux villes côtières de la préfecture de Hyogo, dont le territoire s’étend jusqu’à la mer intérieure de Seto. Les villes de Tatsuno et d’Ako sont toutes deux réputées pour les aliments qui y sont produits et pour leur gastronomie. Désireuse d’en savoir plus sur la façon dont la géographie et la cuisine propres à chaque région façonnent son terroir, j’ai visité des musées locaux présentant les merveilles et les processus de fabrication de spécialités régionales. Les délicieux plats locaux auxquels j’ai goûté étaient si fabuleux que je ne suis pas près d’en oublier la saveur !
Musée Ibonoito de Somen-no-Sato : la tradition des somen
Ma journée a commencé par une visite du musée Ibonoito de Somen-no-Sato dans la ville de Tatsuno. Celui-ci propose une exposition détaillée sur la spécialité locale de Tatsuno : les somen. Les somen désignent des nouilles de couleur blanche, finement allongées et fabriquées principalement à partir de farine de blé. Elles sont étirées à plusieurs reprises durant le processus de fabrication et mises à reposer suffisamment longtemps de manière à obtenir des somen parfaitement fines et blanches. Leurs ingrédients, leur texture, leur taille et leur processus de fabrication diffèrent légèrement de ceux des soba, ramen ou udon - d’autres types de nouilles que vous connaissez peut-être mieux.
Débutant ma visite avec la salle d’exposition au premier étage du musée, j’ai découvert l’importance culturelle revêtue par les somen dans le Banshu, la région qui englobe la partie sud-ouest de la préfecture de Hyogo. L’origine des somen remonterait à pas moins de mille ans, lorsque des émissaires japonais auprès de la dynastie Tang en Chine ont ramené avec eux du « sakubei » - une sorte de friandise à base de farine de blé et de riz. Celui-ci a finalement été introduit à la cour impériale, où l’on a pris l’habitude de servir des somen aux invités lors du festival des étoiles « Tanabata » organisé en juillet avec l’espoir de prévenir la peste. Aujourd’hui, les somen sont devenues un plat que chacun, et pas seulement les invités de l’empereur, peut déguster tout au long de l’année. Ces nouilles sont le plus souvent servies froides et consommées en été afin d’offrir un peu de fraîcheur pendant les températures élevées de cette saison, mais elles peuvent également être mangées sous forme de « nyumen », c’est-à-dire servies dans une soupe chaude.
Les somen se fabriquent à partir d’ingrédients simples : farine de blé, sel et huile végétale. Toutefois, pour les somen Ibonoito, on emploie des ingrédients de première qualité en tirant avantage du climat de Hyogo convenant parfaitement à leur production. Trois ingrédients clés sont ici nécessaires : de la farine de blé de qualité, de l’eau douce pure et cristalline provenant de la rivière Ibo et du sel d’Ako. Dans tout le musée, on trouve des dioramas détaillés expliquant, étape par étape, comment les somen « tenobe » (étirées à la main) étaient traditionnellement fabriquées. Les différentes étapes comprennent un pétrissage méticuleux, l’étirement et la mise au repos, suivis du séchage, de la coupe, du ficelage, du conditionnement, de l’inspection et d’une période d’affinage dans un entrepôt, avant qu’elles ne soient expédiées et livrées sur les tables de nombreuses personnes.
Au premier étage du musée, j’ai également pu jeter un coup d’œil à l’usine de fabrication où les nouilles sont emballées en petits lots par groupe de six. Même si l’on se sert aujourd’hui de machines, le travail manuel fait toujours partie intégrante du processus de fabrication des somen, car ce sont bien des employés qui pétrissent, tordent, mettent à reposer, étirent, sèchent et coupent les nouilles à la main, avant de les mettre ensemble et de les conditionner. Les Ibonoito somen se répartissent encore en plusieurs catégories, en fonction de facteurs tels que leur épaisseur, leurs ingrédients, leur période de fabrication, etc.
De retour au rez-de-chaussée, je suis arrivée juste à temps pour la prochaine démonstration d’étirage des nouilles, qui a lieu toutes les heures, cinq fois par jour. Un professionnel a apporté les somen, qu’il a si gracieusement étirées que c’était presque comme assister à un ballet. Les nouilles sont étirées à la main plusieurs fois à l’aide de tubes et séparées grâce à de longues baguettes, jusqu’à ce qu’elles mesurent deux mètres de long et finissent ainsi par ressembler aux cordes d’une harpe.
J’ai également pu essayer d’étirer des somen moi-même, guidée par le personnel. Même si ces nouilles sont moins délicates qu’elles en ont l’air, les étirer jusqu’à une longueur de deux mètres n’avait rien d’évident. Lorsque je suis arrivée à la dernière étape, beaucoup de mes nouilles se sont déchirées et sont tombées sur le sol, ce qui m’a laissée encore plus admirative face à l’habileté des artisans qui fabriquent des somen.
Le bâtiment accueille également un restaurant, nommé « Iori », où vous pourrez déguster de délicieux plats de somen. Avant de visiter le musée Somen-no-Sato, je pensais que les somen n’étaient qu’un simple plat d’été, qu’elles s’appréciaient froides en les trempant dans du « men-tsuyu » (sauce pour nouilles). Mais la carte d’Iori m’a fascinée par les nombreuses variations qu’elle proposait, dont les nyumen que l’on sert dans un bouillon chaud et encore fumant, une nouveauté pour moi.
Bien que les plats de saison, comme la soupe de somen au « kabocha » (potiron) et les somen au porc kimchi, m’intriguaient, je me suis décidée pour une version plus classique : les « ume nyumen » à la prune marinée dans du sel. L’acidité de la prune contrastait parfaitement avec la saveur du bouillon. Mon ami a choisi des somen en « teishoku » (plateau comprenant plusieurs plats), servies avec du poisson grillé à côté, ce qui fait un déjeuner copieux et équilibré sur le plan nutritionnel.
On nous a également donné un petit assortiment de rouleaux de sushi, les « makizushi ». D’abord, j’ai cru que les sushis étaient roulés dans du riz, mais la texture lors de ma première bouchée s’avérant plus molle que ce à quoi je m’attendais, j’ai été ravie de découvrir que la partie qui me semblait du riz était en réalité préparée avec des somen ! J’ai trouvé ces rouleaux de sushi aux somen à la fois créatifs et délicieux, présentant une saveur légère et plus douce que des sushis classiques.
Le bourg du château de Tatsuno : le paisible « Petit Kyoto » de Harima
Outre la gastronomie, les charmes de la ville de Tatsuno incluent l’architecture traditionnelle, des biens culturels préservés et des rues paisibles bordées de saules, des attraits ayant conduit à surnommer Tatsuno le « Petit Kyoto » de Harima.
Construit il y a environ 500 ans, le majestueux château de Tatsuno se dressait autrefois dans la ville. L’enceinte accueille le « Palais Honmaru » restauré, ouvert gratuitement aux visiteurs. Plusieurs expositions fascinantes sont à découvrir dans ce palais, dont une présentant des armures de samouraïs, et les visiteurs peuvent également y apprécier des œuvres d’art et de l’architecture.
Tatsuno, une ville de la sauce soja !
Le climat de Tatsuno et à l’origine de certains des meilleurs ingrédients, non seulement des somen, mais aussi de la sauce soja. Traditionnellement, la sauce soja ne nécessite que quatre ingrédients : de l’eau, du blé, des graines de soja et du sel. Or, la région de Tatsuno les possède tous, et de la plus haute qualité de surcroît.
Une grande partie de la sauce soja fabriquée à Tatsuno utilise l’eau de la rivière Ibo traversant la ville, réputée pour la douceur et la clarté de son eau peu ferreuse. Par ailleurs, la plaine voisine de Harima est, grâce à son sol fertile, l’endroit idéal pour cultiver le riz et le blé. Quant au soja, on le récolte au pied des montagnes de Tatsuno. Le sel, dernier ingrédient essentiel, provient de la ville voisine d’Ako, où du sel de la mer intérieure de Seto est cultivé. Ako, dont l’histoire de fabrication du sel remonte à environ 1 800 ans, compte pour environ 20 % de la production totale de sel du Japon.
À une courte distance en voiture de Somen-no-Sato et à quelques minutes à pied du château de Tatsuno, se trouve le musée de la Sauce Soja d’Usukuchi Tatsuno, le premier musée consacré à la sauce soja au Japon. Higashimaru, l’une des marques de sauce soja « usukuchi » (légèrement aromatisée) les plus populaires de l’ouest du Japon, est originaire de Tatsuno. L’ancien bâtiment où l’on fabriquait et vendait la sauce soja usukuchi originelle accueille maintenant un musée qui présente l’histoire et le savoir-faire de Higashimaru. D’anciens outils utilisés avant que Higashimaru n’ouvre son usine moderne en 1979 y sont également conservés.
Dans ce musée, j’ai découvert ce qui particularise la sauce soja usukuchi de Higashimaru : l’ajout d’« amazake » (boisson au goût sucré à base de riz fermenté) aux quatre ingrédients principaux (graines de soja, blé, sel et eau) avant le filtrage de la sauce soja encore non affinée. Cela lui confère une saveur plus légère, plus douce et moins salée, la rendant parfaite notamment pour les plats mijotés, le pot-au-feu et le bouillon des nouilles udon.
Dans le musée, vous pouvez parcourir chaque étape du processus de fabrication de la sauce soja et essayer d’imaginer ce que c’était que de travailler dans cette ancienne usine. La taille des tonneaux en bois qui contenaient la sauce soja pendant le processus de fermentation était vraiment saisissante, et j’essayais naturellement d’imaginer le spectacle de leur remplissage. Selon la méthode traditionnelle, la fabrication de la sauce soja prend plus d’un an et celle-ci doit être brassée périodiquement. En raison de l’épaisseur de la sauce et des dimensions des tonneaux, il fallait trois personnes pour effectuer le brassage - une tâche sans nul doute pénible !
Près du musée de la Sauce Soja d’Usukuchi Tatsuno, j’ai repéré une boutique qui vendait des « manju » (petites pâtisseries cuites à la vapeur, généralement fourrées de pâte de haricots rouges) aromatisés à la sauce soja. J’ai décidé d’y goûter ! Le goût du manju était léger et salé, contrastant de manière agréable avec la pâte de haricots rouges sucrés à l’intérieur. Bien que non conventionnelle, cette délicieuse recette m’a totalement satisfaite et m’a permis de mieux comprendre les multiples usages que l’on peut faire de la sauce soja.
En me promenant dans la ville, je suis tombée sur un distributeur automatique contenant de la sauce soja. À côté du thé, des sodas et des boissons énergétiques que l’on trouve habituellement dans un distributeur automatique, des sauces soja claires et foncées étaient également proposées, pouvant en faire un excellent souvenir. On peut clairement ressentir la fierté locale autour de la sauce soja et son impact culturel dans la région de Tatsuno.
Shiosai Kirara Shokichi : un centre thermal étoilé de la ville d’Ako
Pour la dernière étape de la journée, je me suis rendue à Ako. La fierté de la ville, ce sont ses sources thermales, des trésors que les habitants gardent jalousement secrets. Riches en sel et en minéraux, les eaux thérapeutiques d’Ako sont réputées pour leur efficacité dans le traitement des problèmes digestifs, des douleurs musculaires ou articulaires chroniques, de l’hypertension légère, etc. Ces eaux exercent également un effet hydratant qui est bénéfique pour la peau.
Le Shiosai Kirara Shokichi Resort est un endroit vous permettant de profiter de ces sources thermales en même temps que d’une cuisine locale de saison. J’y suis arrivée juste au moment où le soleil se couchait et, du magnifique salon de l’hôtel, j’ai eu droit à une vue imprenable sur le coucher de soleil au-dessus de la mer intérieure de Seto. Après une journée pleine de plaisirs mais aussi fatigante, c’était le moyen idéal de se détendre.
Le Shokichi Resort est particulièrement apprécié des locaux pour sa cuisine. Sa spécialité est le « kaiseki ryori », un repas japonais traditionnel se déroulant en plusieurs services. L’établissement propose principalement des plats de poisson et utilise des ingrédients provenant de toute la région de la mer intérieure de Seto, notamment des produits de la préfecture de Hyogo ainsi que du saké et des vins locaux.
Le menu du centre thermal change de thème quatre fois par an afin de refléter chaque saison.
J’ai moi-même visité les lieux en automne, au moment où l’anguille et le crabe étaient de saison et où l’exquis champignon matsutake servait d’accompagnement principal. La spécialité de l’établissement était alors l’anguille cuite à la vapeur dans une marmite en terre avec des champignons - un délice de saison !
De décembre à mars, Shokichi propose une carte hivernale avec des plats et de la cuisine kaiseki à base d’huîtres pêchées localement dans la baie de Sakoshi. Si les huîtres de Sakoshi peuvent être servies ou cuisinées de différentes manières, l’une des spécialités de Shokichi est son pot-au-feu « sukiyaki » aux huîtres, une préparation inédite.
Les cuisiniers du Shiosai Kirara Shokichi Resort s’adapteront aux restrictions alimentaires des clients, y compris des végétariens et végétaliens, s’ils en ont été informés à l’avance.
Outre les chambres, chaque « onsen » (bain thermal) du Shokichi Resort offre une vue imprenable sur l’océan, tout comme les « rotenburo » (bain thermal en plein air). Certaines chambres de haut standing jouissent même d’un bain thermal privé !
Ginpaso : un centre thermal offrant une vue panoramique sur le coucher de soleil
La ville d’Ako abrite encore un autre centre thermal offrant un paysage à couper le souffle sur la mer intérieure de Seto au bord de laquelle il se situe. Ginpaso est une auberge de style traditionnel vous proposant de superbes vues sur la mer depuis ses bains de sources chaudes naturelles ainsi que des menus de saison qui mettent en valeur les meilleurs ingrédients d’Ako et des régions voisines. L’établissement figure en outre dans le classement des 100 meilleurs sites de coucher du soleil au Japon !
Depuis le bain thermal ouvert au public, vous pourrez apprécier une vue panoramique où le ciel se fond dans la mer intérieure de Seto. La baignoire à débordement vous donnera l’impression d’être immergé dans la mer elle-même. Par temps clair, vous apercevrez alors la péninsule de Shikoku et votre vue portera jusqu’à l’île de Shodo, célèbre pour ses olives.
Les sources chaudes de la ville d’Ako sont entièrement naturelles et regorgent de minéraux qui aident à soulager les douleurs musculaires et articulaires tout en hydratant la peau. Les clients de l’hôtel ont la possibilité d’utiliser les bains à tout moment de la journée, mais les visiteurs externes peuvent également venir s’y plonger. Ces derniers se voient proposer une entrée avec accès aux bains pendant 2 heures ou une offre combinant bain et déjeuner à partir de 4 950 yens par personne.
Le restaurant de Ginpaso sert du poisson frais de saison, préparé cru ou rôti à la vapeur, en provenance directe de la mer intérieure de Seto ! Je vous recommande de vous y rendre en automne, lorsque le champignon matsutake et le crabe font partie des principaux ingrédients, ou entre décembre et mars, lorsqu’il est possible de déguster des huîtres de Sakoshi pêchées dans la mer intérieure de Seto. Ces deux options sont accompagnées de plats locaux aux multiples couleurs.
L’été constitue également une superbe période pour une visite. Tous les vendredis de juillet à septembre (et tous les jours du 22 au 26 août), les clients peuvent participer à la « Fête de contemplation des lucioles de mer », tout en appréciant des huîtres fraîchement pêchées faisant partie du « menu kaiseki Nishi Harima Nagisa ». La pièce maîtresse du menu est ici les huîtres d’été servies avec du citron de Setouchi, qui vient encore rehausser cette expérience délectable que vous ne pouvez faire qu’à Ginpaso.
Ginpaso dispose de 36 chambres, dont certaines de style japonais avec tatamis et futons, et d’autres combinant les styles japonais et occidental avec tatamis et lits. Les chambres offrent une palette de vues spectaculaires sur la mer, les montagnes ou le jardin. Certaines sont équipées d’un bassin en plein air d’où admirer le panorama sur l’océan.
Ginpaso propose également une piscine ouverte en été, un salon de thé, un lounge bar, une salle de réunion, une boutique de souvenirs, un salon de beauté, un service de massage, etc. Les clients pourront s’y détendre d’une infinité de façons.
Profitez d’un voyage luxueux en faisant le plein de nature et de spécialités locales à Tatsuno et Ako
La magnifique nature de Tatsuno et Ako, composée de rivières, de montagnes, de plaines et de la côte de la mer intérieure de Seto, contribue à façonner les saveurs d’un terroir transmis par de délicieux aliments qui font la fierté et la joie de la région. Il est facile de comprendre pourquoi les habitants se sentent si fiers de leurs spécialités locales. Un voyage dans cette contrée ne représente pas uniquement un plaisir pour les yeux, mais aussi pour les papilles !
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DESTINATION LIÉE
Hyogo
La préfecture de Hyogo se trouve approximativement au centre de l’archipel du Japon. Elle possède le port de Kobe qui joue un rôle important comme porte d’entrée du Japon. Elle est également dotée de nombreux sites touristiques comme le Château de Himeji, classé patrimoine mondial par l’UNESCO et plusieurs régions de sources chaudes onsen. Le boeuf de Kobe, une des trois grandes marques de boeuf japonais wagyu, est un de ses délices.









