Une chambre entièrement décorée dans un camaïeu de bleus, d’indigo et de de blancs se révèle à nous. Même les tatami sont d’une teinte foncée bleu marine.

« C’est une chambre que nous avons créé en collaboration avec Mika Ninagawa dans le cadre du festival d’art Dogo OnsenArt », continue Mizuno.

Bien que le mobilier conserve le style traditionnel des ryokan Japonais, les motifs et couleurs des imprimés sont l’œuvre de Mika Ninagawa. Les designs floraux évoquent une autre de ses œuvres célèbres du Dogo; le papier shoji coloré des panneaux coulissant des bains anciens. Et pourtant, entrer dans cette pièce procure un sentiment tout autre. Comme si l’on entrait dans la tête de l’artiste.

Cette collaboration artistique n’est qu’un exemple supplémentaire de la façon dont l’établissement Yamatoya Honten repousse sans cesse les limites, pour se différencier toujours plus des hôtels et ryokan traditionnels de la ville de Matsuyama. Fondé en 1868 et tenu depuis ses origines jusqu’à aujourd’hui par la famille Okamura, ce ryokan japonais vient de célébrer ses 150 ans. On pourrait d’ailleurs dire que Yamatoya Honten est tout autant un symbole du Dogo Onsen que les bains iconiques qui donnent leur nom au lieu.

« Nous bénéficions de 150 ans d’expérience dans l’hospitalité », affirme Mizuno. « Notre objectif est de fournir le service parfait, en donnant à nos clients l’espace dont ils ont besoin tout en étant disponible pour offrir notre assistance. »

Régulièrement classé parmi les meilleurs hôtels du Japon, étant l’un des meilleurs de la Mer intérieure de Seto, et comptant plusieurs célébrités parmi ses clients réguliers, le Yamatoya Honten sait faire bon usage de sa grande expérience.

Comprenant 91 chambres au total, dans le style traditionnel des ryokan Japonais mais incluant également 22 chambres simples à l’occidentale, le Yamatoya Honten peut répondre aux besoins d’une grande variété de clients. Pratiquement chaque soir, l’établissement offre également à ses invités un spectacle auquel il est rare d’assister nulle part ailleurs: une performance de théâtre Noh sur leur propre scène.

« Alors que la ville de Matsuyama était connue pour le théâtre Noh traditionnel, le propriétaire des lieux réalisa que les scènes de théâtre Noh étaient en train de disparaître de la ville. Il décida donc d’en construire une au sein même de Yamatoya, au quatrième étage du bâtiment », détaille Mizuno. « Un expert et enseignant en théâtre Noh s’y produit chaque jour et certains membres de notre équipe s’y exercent également pour offrir une représentation au Nouvel An. »

Dans un établissement dédié à faire vivre la culture Japonaise, il semble donc tout naturel que les chambres de style ryokan de Yamatoya Honten respectent strictement les règles d’esthétiques Japonaises. Les chambres ne sont pas équipées de rideaux mais plutôt de panneaux en papier, et les murs sont fabriqués à partir de matériaux traditionnels en terre, « leur permettant de respirer ».

Vous l’aurez sans doute déjà deviné, mais la qualité de la nourriture comme des bains chauds (toutes deux essentielles à toute auberge japonaise digne de ce nom) est exceptionnelle. L’eau thermale du Yamatoya Honten est puisée à partir de la même source que celles des bains de Dogo Onsen. Et bien qu’aller tremper dans les anciens bains soit une expérience à part entière, ceux de Yamatoya Honten sont l’idéal pour tous les clients souhaitant profiter d’un cadre plus calme et luxueux.

Le ryokan est également très fier de la cuisine qu’il propose. Et il y a de quoi, puisque l’établissement dispose de trois chefs, un par type de cuisine proposée : japonaise, française et chinoise.

J’ai pour ma part goûté au menu Kocho ; une formule kaiseki complète composée d’ingrédients d’une qualité et d’une fraîcheur incroyables. Le menu change d’ailleurs chaque mois pour mieux s’adapter aux ingrédients de saison.

Lors de ce repas, j’ai pu goûter à un assortiment de sashimi élaboré à partir de poissons fraîchement pêchés dans la Mer intérieure de Seto ainsi qu’à du poisson braisé, préparé à la perfection. Les portions de bœuf wagyu que j’ai pu faire cuire moi-même sur un mini grill étaient tout aussi délicieuses et fondaient parfaitement en bouche.

Traditionnellement, un repas kaiseki se termine sur un bol de riz, une soupe miso et quelques légumes saumurés. Au Yamatoya Honten, le menu varie légèrement puisque l’on y sert à la place un hyuga meshi, un plat traditionnel de la préfecture d’Ehime qui consiste à tremper des lamelles de daurade en sashimi dans un œuf cru puis dans de la sauce soja avant de les manger sur le riz encore fumant. Une manière parfaite de clore un repas lui aussi parfait.

Entre hospitalité, chambres luxueuses, cuisine remarquable et eaux thermales du Dogo aux propriétés thérapeutiques, le Yamatoya Honten est conçu pour faire de chaque séjour un moment aussi relaxant et mémorable que possible. Même le check-out s’effectue une heure plus tard qu’habituellement, pour permettre aux clients de quitter les lieux sereinement.

Texte et photographies de Tom Miyagawa Coulton