Visite des ateliers de poterie de Tamba

Le Japon est célèbre pour ses villages producteurs de céramiques de haute qualité à travers tout le pays, mais Tamba, dans la préfecture de Hyogo, se distingue particulièrement. Connue comme l’un des « Six Fourneaux Anciens » du Japon, la poterie Tamba-yaki y est produite depuis plus de 850 ans. Son apparence rustique et artisanale en fait un choix très prisé des pratiquants de la cérémonie du thé japonaise, bien que de nombreux objets soient aussi créés pour un usage quotidien.

Sue-no-Sato est l’endroit idéal pour une expérience immersive dans l’univers de Tamba-yaki. Ce complexe vous permet de découvrir la poterie de Tamba à travers des ateliers pratiques et en observant les artisans à l'œuvre. Vous pourrez y créer des objets comme des tasses, des assiettes ou des bols en modelant l'argile à la main, sous la supervision d’instructeurs expérimentés. Ensuite, l’atelier glacera et cuira votre pièce, que vous recevrez quelques mois plus tard chez vous, un souvenir parfait de votre voyage dans la préfecture de Hyogo.

Après avoir créé votre propre œuvre en Tamba-yaki, vous apprécierez encore plus le travail des nombreux artisans des ateliers locaux. Partez en visite guidée à la découverte des ateliers uniques de la région et de ses maîtres potiers. Vous aurez peut-être la chance d’apprendre pourquoi Masahiko Ichino, du studio Taiga Kobo, est considéré comme l’un des meilleurs potiers du Japon, avec ses œuvres artistiques avant-gardistes qui pourraient figurer dans n’importe quel grand musée d’art. Peut-être aurez-vous également l’opportunité de rencontrer le duo père-fille, Tadashi et Haruna Nishihata, dont les créations sont audacieuses d’un côté, et ludiques, souvent inspirées des animaux, de l’autre. Vous pourrez également visiter le four Noborigama de Tamba Tachikui, un four traditionnel utilisé depuis des siècles pour la cuisson de la poterie, restauré avec soin par la communauté pour préserver l'héritage de la région.

À vélo sur la route historique de Kibiji à Okayama

Dans cette région imprégnée d’histoire, la route cyclable de Kibiji se distingue par ses sites séculaires datant de l’époque préhistorique et de deux sanctuaires qui ont façonné le folklore japonais. Bien que vous puissiez explorer à votre rythme, une visite guidée à vélo vous permettra d’obtenir des perspectives uniques sur l’histoire de la région et la vie quotidienne de ses habitants, ainsi que des explications à chaque étape de votre parcours, le tout en bonne compagnie. Cette balade de 25 kilomètres est accessible à tous les niveaux et traverse un paysage rural magnifique, ponctué de vues splendides et de rencontres chaleureuses avec les habitants.

Le parcours commence à la gare d’Okayama, mais il est conseillé de débuter à la gare de Bizen Ichinomiya, située quelques stations plus loin, afin de pouvoir y louer un vélo que vous pourrez ensuite rendre à la fin du trajet. Le service de location de vélos Uedo-rent-a-cycle permet de rendre son deux-roues à Araki-rent-a-cycle, près de la gare de Soja.

En pédalant vers l'ouest, vous découvrirez les paysages paisibles de la campagne d’Okayama ainsi que des sites fascinants. Le sanctuaire Kibitsuhiko est un exemple remarquable d'architecture japonaise traditionnelle, entouré d'une forêt verdoyante. L’un des dieux vénérés, Kibitsuhiko no Mikoto, est lié à la célèbre légende japonaise de Momotaro. Un peu plus loin, le principal bâtiment du sanctuaire Kibitsu, classé Trésor National, est construit dans le style hiyokuirimoya-zukuri (toits à pignon et en croupe), exclusif à ce bâtiment. Ce sanctuaire est également lié à plusieurs légendes japonaises et propose une cérémonie où la tête tranchée d’un ogre, enterrée sous un chaudron de riz, est censée prédire votre avenir.

Vous pourrez aussi explorer les ruines du château Bicchu Takamatsu, des tumulus kofun du Ve siècle ainsi que l’élégante pagode de cinq étages du temple Bicchu Kokubun-ji. À la fin de votre parcours, un détour par le onsen (bain thermal naturel) de People's Lodge Sunroad Kibiji, réputé pour ses vertus pour la peau, est un vrai moment de détente.

Avant de rendre votre vélo à Araki-rent-a-cycle, près de la gare de Soja, et de prendre le train pour Okayama, profitez des délices des nombreuses boulangeries de Soja, certaines mettant en valeur les fruits célèbres de la région d’Okayama.

La splendeur boisée du pont Kintai-kyo

L’histoire du pont Kintai-kyo à Iwakuni, dans la préfecture de Yamaguchi, est un peu étrange ; c’est un pont en bois parfait, qui a été détruit deux fois par des catastrophes naturelles au cours de ses siècles d’histoire, mais la population locale a résisté à l’utilisation moderne du béton afin d’éviter sa destruction future. Les visiteurs de ce pont à cinq arches peuvent être reconnaissants envers ceux qui ont préservé les techniques de construction traditionnelles et ont maintenu ce superbe exemple d'architecture tel qu'il a été construit en 1673 par le seigneur du château d'Iwakuni, Hiroyoshi Yoshikawa.

Entre 2001 et 2004, le pont a été reconstruit avec des méthodes traditionnelles pour garantir sa longévité. Pendant cette période, un pont alternatif a été construit à côté, permettant aux visiteurs d’observer le processus de construction traditionnelle sur une période de trois ans. Ce processus de reconstruction a attiré tellement de visiteurs qu'il a dépassé le nombre de ceux venus avant les travaux.

Grâce à la rénovation complète du pont, les visiteurs peuvent aujourd’hui profiter de superbes vues sur le pont Kintai-kyo et ses paysages légendaires à travers les saisons. À certains moments de l’année, il est possible d’admirer le pont encadré par des cerisiers en fleurs roses ; ou encore des feuilles d’automne éclatantes ; servant de toile de fond à la pêche au cormoran lors des soirées d'été ; ou même recouvert d’une fine couche de neige en hiver. De fin mars à mai et de début août à mi-janvier, l’illumination nocturne du pont, de la tombée de la nuit jusqu'à 22h, est absolument magnifique.

Tomonoura : le port historique qui a inspiré un film du Studio Ghibli

Comme les marées qui ont conduit les marins ici pendant des siècles, la fortune de Tomonoura a varié au fil du temps. Située à l'endroit où se rencontrent les marées orientale et occidentale de la mer intérieure de Seto, dans la préfecture de Hiroshima, cette petite ville portuaire a accueilli des navires marchands en attente du changement de marée pendant plus de mille ans. Ces navires venaient aussi bien du Japon que de ports étrangers, et contribuaient à la prospérité de Tomonoura en tant que ville commerçante.

Toutefois, son déclin a commencé avec l’avènement du moteur à vapeur et des voyages terrestres. À la fin du 20e siècle, la ville était en si mauvaise posture que le gouvernement local envisageait de détruire le port historique pour construire une route de déviation. Les habitants se sont battus pour préserver ce patrimoine, soutenus par un allié inattendu : un poisson rouge animé.

Le légendaire réalisateur et animateur Hayao Miyazaki du Studio Ghibli a, en effet, passé deux mois à Tomonoura, vivant comme un local, esquissant les paysages et l'atmosphère des lieux lors de longues promenades. C’est ici qu’il a été inspiré pour écrire Ponyo sur la falaise : l’histoire d’une fille poisson rouge aux pouvoirs magiques qui tombe amoureuse d’un garçon humain. L'amour de Miyazaki pour Tomonoura se reflète dans la beauté du film, qui a inspiré un flot de touristes vers la ville qui ne s’est jamais estompé.

Aujourd’hui, les visiteurs peuvent explorer la ville portuaire et ses curiosités architecturales, telles que le phare Torodo de 5,5 mètres de haut, le débarcadère de bateaux en forme d’escalier gangi, ainsi que l’imposante ancienne résidence de la famille Ota, dont les membres étaient autrefois brasseurs de Homeishu, une liqueur médicinale unique fabriquée à Tomonoura, qui a un goût semblable à celui d'un cola artisanal alcoolisé.

Les habitants ont soigneusement tenté de préserver et de rénover les bâtiments d’origine, dont beaucoup abritent actuellement des cafés, des magasins et des hébergements. Par exemple, l'Onfunayado Iroha, un site historique lié au héros populaire japonais Ryoma Sakamoto, a été rénové en un hébergement intime avec restaurant, bénéficiant de l’aide de Hayao Miyazaki pour le design.

Il existe également une multitude de temples dignes d’intérêt, construits par des marchands riches à l’époque où la ville était prospère. En tête de liste, le temple Fukuzenji, avec sa salle de réception Taichoro, que les envoyés coréens avaient un jour déclarée dotée de « la vue la plus belle à l’est de la Corée ».

Une brasserie de saké vieille de 200 ans près du détroit de Naruto

Il faut une boisson puissante pour rivaliser avec le phénomène naturel époustouflant qui se déroule dans les eaux du détroit de Naruto. Ici, les remous créent de puissants tourbillons, où les tai (dorades) gagnent en force en naviguant dans ces eaux tumultueuses.

Nommée d’après ces majestueux poissons, la brasserie de saké Naruto Tai brasse du saké délicieux depuis plus de 200 ans. Son ancienne brasserie est enregistrée comme bien culturel tangible du Japon. L’actuelle maîtresse brasseuse, Motoko Matsuura, est la dernière descendante de la famille fondatrice Matsuura et la première femme brasseuse de Naruto Tai. Elle s’occupe avec fierté du processus ancestral de soin du koji (riz malté), une étape essentielle de la fabrication du saké, qui nécessite une attention constante pendant plusieurs jours.

Les résultats de son travail parlent d’eux-mêmes. Ces dernières années, Naruto Tai a remporté de nombreux prix en platine, or et argent lors de concours de dégustation de saké à travers le monde, y compris le prestigieux Kura Master, organisé chaque année en France. Du saké sec Junmai Ginjo au saké sucré et acidulé LED Cloudy RIN, brassé à l'aide de levures cultivées sous des lumières LED colorées dans le but d'explorer de nouvelles applications de la technologie LED, Naruto Tai ne craint pas de repousser les limites du brassage du saké du futur.

Pour celles et ceux qui recherchent une expérience plus immersive, la brasserie propose également des programmes spéciaux où les participants peuvent observer de près le processus de fabrication du saké et participer à une séance de dégustation guidée par de compétents kurabito (personnel de la brasserie).

Le projet de tourisme d'aventure « Naruto Sake Story » constitue également une opportunité idéale pour explorer en profondeur la culture et les industries traditionnelles du Japon. Outre la visite de la brasserie de saké, les participants peuvent également découvrir les sites d'intérêt des environs, notamment les brasseries de sauce soja, les ateliers de poterie et les paisibles temples, afin de faire connaissance avec des artisans qui se consacrent à la préservation de ces traditions ancestrales.

Un séjour exclusif dans l’un des 12 châteaux originaux du Japon

Il y a plus de 100 châteaux restants au Japon, et parmi eux, seulement 12 ont réussi à conserver leurs donjons originaux, grâce à leur résistance face aux catastrophes naturelles et humaines. Parmi ceux-ci, un seul permet de passer une nuit en son sein : le château de Marugame, dans la préfecture de Kagawa. Perché sur une colline surplombant la ville portuaire de Marugame, ce petit château semble impénétrable grâce à ses hautes murailles en pierre, construites à une période durant laquelle la construction de murs de château était à son apogée. Les murs sont en place depuis plus de 400 ans et ne montrent aucun signe de détérioration, il est donc probable qu’ils dureront encore des siècles. En montant la pente abrupte de Mikaeri-zaka vers le château, arrêtez-vous pour admirer la courbe douce des angles qui permettent aux murs imposants de supporter le poids des pierres au-dessus.

Tandis que de nombreux châteaux sont remplis d’artefacts de l’époque d’Edo (1603-1868) et transformés en musées improvisés, celui de Marugame est agréablement épuré, permettant de mieux apprécier sa construction et sa restauration réfléchie. Cette simplicité permet également au château d’offrir l’expérience ultime du Japon de l’ère samouraï : une nuit sur place.

Commencez par un tour en pousse-pousse guidé depuis la gare de Marugame, où le personnel met tout en œuvre pour faire sentir à ses invités leur statut de seigneurs et de dames du château. La réception se fait à l’intérieur de l’impressionnante porte Ote Ichi no Mon, où les hôtes sont accueillis par une performance exclusive de tambour taiko pour commencer leur voyage extraordinaire dans l’histoire du château. L’hébergement se trouve dans la villa récemment restaurée Enjyukaku Bekkan, reconstruite à partir des matériaux de la résidence originale de la famille Kyogoku à Tokyo, dirigeante du château de Marugame. Après un dîner exquis dans une autre partie du domaine du château, les hôtes sont invités à profiter d’une soirée de performances musicales japonaises à l’intérieur du donjon principal, tout en dégustant du saké local, de la bière artisanale, du vin de Sanuki et des cocktails.

Après une nuit reposante dans la villa, les invités peuvent se promener dans le jardin Nakazu Banshoen, créé par l’un des seigneurs de Marugame, visiter ses maisons de thé pour le petit-déjeuner et participer à une cérémonie du thé japonaise à Kanchoro, la plus ancienne maison de thé sencha du Japon.

Une nuit au château de Marugame n’est pas vraiment bon marché, mais c’est une expérience mémorable que l’on ne peut vivre qu’à Setouchi.

Visite guidée de Dogo Onsen, l'un des bains publics les plus aimés du Japon

Le Dogo Onsen Honkan, ou le bâtiment principal, est l’un des bains publics les plus emblématiques du Japon, sinon du monde, situé dans la préfecture d’Ehime. Il est mentionné dans le Guide Michelin et a inspiré la maison de bains du film Ghibli Le Voyage de Chihiro ; de fait, des milliers de personnes viennent y prendre un bain chaque jour, tandis que beaucoup d’autres s’arrêtent devant le bâtiment pour l’admirer et prendre quelques photos.

Cependant, le Dogo Onsen Honkan n’a que 130 ans, ce qui reste jeune comparé à l’histoire de la région de Dogo Onsen. Selon la légende, il y a plus de 3000 ans, une aigrette blessée plongea sa patte dans un bain des eaux chaudes de la région et en fut instantanément guérie. Depuis lors, les gens affluent à Dogo Onsen pour ses eaux apaisantes, faisant de cette région la plus ancienne zone d'onsen du Japon.

Avec une histoire aussi riche, un guide local est le meilleur moyen de profiter pleinement de la visite de la région de Dogo Onsen. Vous pourriez avoir la chance d’être guidé par la vive octogénaire qui se décrit avec humour comme Kayo-chan. Non seulement experte au sujet de la région de Dogo Onsen, Kayo-chan fait aussi partie du club exclusif ayant accompli les 1200 kilomètres du pèlerinage Ohenro Shikoku plus de 30 fois. Bien qu’elle parle peu anglais, son énergie et sa gentillesse font d’elle une guide très agréable à côtoyer.

Kayo-chan explique avec adresse l’histoire moderne et ancienne de Dogo Onsen, en commençant par le train Botchan garé devant la gare de Dogo Onsen. Ce train à vapeur, mentionné par le romancier Natsume Soseki dans son roman partiellement autobiographique Botchan, est devenu une attraction pour les visiteurs de Matsuyama, qui prennent plaisir à faire un tour nostalgique dans la ville à bord des répliques diesel. En face de la gare, l’horloge mécanique Botchan Karakuri présente des personnages du roman chaque heure et demi-heure.

Kayo-chan vous conduira également aux trois bains publics célèbres de la région : le Honkan, le Tsubaki-no-Yu, récemment construit, et l’annexe plus récente, Asuku-no-Yu. Bien que chaque maison de bain ait un intérieur fascinant et des espaces pour se détendre, les trois partagent les mêmes eaux thérapeutiques pour lesquelles Dogo Onsen est célèbre.

Juste au-delà du district des sources chaudes, Kayo-chan vous emmènera aussi au temple Ishiteji, le plus proche des 88 temples du pèlerinage Ohenro. Ce vaste temple abrite un Trésor National (la porte Niomon) et six biens culturels importants, dont des structures en bois datant de plus de 700 ans, comme le hall principal et la pagode à trois étages. J'ai été impressionnée par la solidité de ces structures au fil des années, en particulier la pagode, un témoignage de l'ingénierie magistrale développée par les charpentiers japonais au fil de l'histoire.

Bien qu'Ishiteji soit considéré comme le 51e temple du pèlerinage Ohenro, il a été nommé d'après Emon Saburo, qui, selon la légende, fut le fondateur du pèlerinage Ohenro. Saburo aurait accidentellement offensé le légendaire moine Kukai et passa quatre ans à le poursuivre d'un temple à l'autre pour s'excuser. Avant sa mort, il jura de reconstruire un temple négligé dans sa prochaine vie. Il fut enterré et réincarné avec une pierre en main portant son nom, et tenant sa promesse, il rénova et renomma le temple Ishiteji, "Temple de la Pierre-Main".

Il est ainsi particulièrement utile d’avoir un guide informé afin de comprendre la richesse des artefacts et des bâtiments présents dans le temple Ishiteji. Heureusement, des guides comme Kayo-chan, avec sa connaissance infinie et son énergie sans limite, font de l’exploration de Dogo Onsen un véritable plaisir.

Ces sept expériences authentiques vous emmènent ainsi à travers Setouchi. Et pourtant, vous n'avez fait qu'effleurer la surface des lieux et activités où vous pouvez plonger dans l’unicité de cette région. Si vous êtes lassés des attractions classiques des grandes villes japonaises ou si vous souhaitez vivre une expérience différente, plus authentique et locale, envisagez de planifier votre prochain voyage au Japon autour de la région de Setouchi.