Art & Culture

4 jours à explorer les îles artistiques de Setouchi et le château de Himeji

4 jours à explorer les îles artistiques de Setouchi et le château de Himeji

Il y a quelque chose d'unique dans la confluence de l'art contemporain, des monuments historiques et des paysages à couper le souffle que l'on trouve dans la région de Setouchi. Ici, le voyageur en quête de culture trouvera un souffle d'air frais loin des destinations touristiques habituelles, découvrant à la place l'endroit idéal pour mieux comprendre le paysage culturel du Japon. Ce circuit de 4 jours vous emmène à travers certains des sites les plus emblématiques de la région, du célèbre château de Himeji (chef-d'œuvre de l'architecture de l'époque des samouraïs) aux installations artistiques fascinantes de l'île de Shodoshima.

En chemin, nous vous ferons découvrir des trésors qui illustrent la richesse de l'artisanat et des traditions japonaises. Facilement accessible depuis des villes comme Osaka ou Hiroshima, cet itinéraire s'adresse aussi bien aux visiteurs découvrant l’archipel pour la première fois qu'à ceux qui reviennent pour une expérience plus immersive, avec la promesse d’un voyage mémorable à la découverte du patrimoine culturel et artistique du Japon, entre exploration historique et immersion artistique.

Jour 1 : Arrivée à Okayama – jardin Korakuen et château d’Okayama

La beauté du jardin Korakuen

Après être arrivée à Okayama, je me suis dirigée directement vers le jardin Korakuen, l'un des jardins paysagers les plus célèbres du Japon. En franchissant la porte principale, j’ai ressenti l’étendue de l’espace : de vastes pelouses ouvertes, suffisamment grandes pour qu'on puisse en admirer la majorité depuis un certain point de vue, et idéales pour de longues promenades tranquilles. Il ne m'a donc pas fallu longtemps pour comprendre pourquoi ce jardin fait partie des trois jardins les plus célèbres du Japon. Les larges pelouses créent un contraste attirant avec les étangs remplis de carpes koï et les ponts élégants dispersés sur le domaine. Créé durant l’époque d’Edo (1603-1868) pour les seigneurs du château d'Okayama, il servait de lieu de retraite raffiné, un endroit où se détendre en dehors des murs du château. Le seigneur venait souvent ici en bateau, empruntant la rivière Asahi à proximité, pour profiter de la beauté du jardin, véritable contraste avec sa résidence fortifiée.

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Je me suis promenée le long des sentiers du jardin, devant la maison Enyo-tei. L'édifice actuel est une reconstruction, car l'original a été détruit pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce bâtiment avait été construit au XVIIe siècle comme pavillon de repos pour les seigneurs féodaux, lorsque le seigneur Ikeda fit aménager Korakuen comme un lieu de détente et de contemplation, pour profiter de la vue. Depuis le jardin, j'avais une vue imprenable sur le château d'Okayama, qui se dresse fièrement en arrière-plan, avec sa façade noire créant un contraste à la fois saisissant et harmonieux avec la verdure environnante.

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La beauté automnale ajoutait la touche de couleurs idéale à la scène, sans jamais être trop dominante. J'ai pris un moment pour m'asseoir à côté d'un ruisseau qui murmurait tranquillement sous la structure en bois du pavillon Ryuten, une élégante plateforme d’observation couverte permettant aux visiteurs d'apprécier le paysage par tous les temps. C'est un jardin pensé pour être vécu lentement, avec des sentiers qui entourent l'étang central, permettant d'explorer librement et de savourer chaque détail au fil de la promenade.

Il était déjà l'heure du déjeuner lorsque je quittai le jardin, ce fut donc l’occasion idéale pour m'arrêter à Shiromi-chaya, un charmant restaurant de nouilles udon offrant une vue imprenable sur le château d'Okayama, où j'ai savouré un délicieux udon tempura.

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Le château d’Okayama

En traversant la rivière Asahi, je me suis dirigée vers le château d'Okayama, achevé en 1597, mais gravement endommagé pendant la Seconde Guerre mondiale. Il a ensuite été soigneusement reconstruit dans les années 1960 afin de reproduire sa grandeur d'origine (contrairement au château de Himeji qui a échappé à une telle destruction). Surnommé le “château corbeau” en raison de ses murs noirs élégants, l'édifice en impose, sa présence sophistiquée et majestueuse formant un contraste frappant avec l'atmosphère tranquille du jardin que je venais de quitter.

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À l'intérieur, le château offre bien plus que des expositions historiques. Suite à une importante rénovation achevée en 2021, les présentations sont devenues encore plus immersives et interactives, mettant en valeur des armures de samouraïs et des artefacts qui retracent de manière vivante le passé féodal de la région.

Le château d'Okayama reconstruit intègre des éléments modernes intéressants, comme un café où les visiteurs peuvent visionner une vidéo sous-titrée réalisée par un expert, qui explique l'architecture et l'histoire du château, ainsi qu'une expérience pratique permettant d'essayer des kimonos, sans oublier un ascenseur pour faciliter l'accès.

De plus, des QR codes multilingues permettent de découvrir l'histoire du château, dépassant ainsi les barrières linguistiques. Ces touches contemporaines enrichissent l'expérience des visiteurs, illustrant parfaitement la façon dont le château allie son riche patrimoine historique à des divertissements modernes et à plus de confort.

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Bien sûr, il y a aussi la vue imprenable depuis le sommet du donjon à six étages. De là, j’ai pu admirer le jardin Korakuen et ses environs, en appréciant la façon dont ces deux sites emblématiques ont été soigneusement reliés grâce à une planification réfléchie.

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Atelier de poterie Bizen-yaki

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Alors que l'après-midi touchait à sa fin, j'ai participé à un atelier de poterie Bizen-yaki organisé dans l'enceinte du château. Cette technique de poterie, caractérisée par sa finition terreuse et sans glaçure, est l'une des fiertés culturelles d'Okayama. Guidée par une instructrice sympathique, j'ai façonné un plat simple que j'ai pu décorer à ma guise, étape qui se déroule à l’aide de tampons ou bien en gravant un dessin.

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Ces activités demandent toujours un peu plus de travail qu'il n'y paraît, mais cela en vaut toujours la peine. Je pense que certains des souvenirs les plus précieux sont ceux que l'on apprend à fabriquer soi-même, et c'est encore mieux lorsqu'il s'agit de quelque chose de représentatif de la région. Bien que je n'aie pas pu emporter ma pièce immédiatement (elle devait d'abord être cuite dans un four), elle m'a été envoyée ultérieurement.

Jour 2 : L’art de Kurashiki et son charme historique

Le quartier historique de Bikan


Je commence la journée en me plongeant dans le quartier historique de Bikan, un endroit superbe dont les origines remontent à l’époque d’Edo, lorsque la région prospérait en tant que centre essentiel de distribution de riz. Au fil des années, l’endroit a conservé nombre de ses entrepôts kura traditionnels, et s’est transformé en un parc historique soigneusement préservé qui met en valeur son héritage marchand. Les rues pavées, les entrepôts aux murs blancs et les saules pleureurs qui se balancent doucement au bord des canaux créent une atmosphère à la fois sereine et envoûtante. En me promenant le long des canaux, j'ai vu de petites embarcations glisser paisiblement sur l'eau, conduites par des locaux vêtus de costumes traditionnels, offrant ainsi certains des paysages les plus pittoresques de la région.

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Le quartier regorge de boutiques et de galeries qui préservent l'esprit artisanal de Kurashiki. Le denim local est particulièrement renommé, surtout sur la rue Kurashiki Denim, pilier de la culture du denim japonais. Historiquement, la ville était en effet un centre de production de coton. Par ailleurs, des cafés et pâtisseries branchés viennent enrichir la culture commerciale dynamique du quartier.

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Bien que le quartier soit paisible aux premières heures de la journée, une effervescence discrète règne si l'on sait où regarder. Quelques touristes faisaient déjà la queue devant une petite boutique de wagashi pour savourer des douceurs, tandis que d'autres prenaient le temps de découvrir les galeries qui jalonnent le quartier. Le véritable charme de Kurashiki réside dans ces petites surprises, chaque coin de rue offrant une nouvelle découverte aux passants.

Exploration du musée d’art Ohara

L’un des principaux atouts de la région est le musée d’art Ohara un lieu emblématique qui a joué un rôle de pionnier dans l’appréciation de l’art occidental au Japon. Fondé en 1930 par l’industriel Ohara Magosaburo, il a été le premier musée japonais à proposer une collection permanente d’œuvres occidentales. Ohara avait pour souhait que le musée contribue à la société.

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[Note : ces photos ont été prises avec une permission exceptionnelle du musée car elles ne sont pas autorisées] Gauche : Points, par Wassily Kandinsky, 1920. Kandinsky était l'un des pionniers européens de l'art abstrait, et son influence sur le design et la théorie des couleurs se fait encore sentir de nos jours. Droite : La Jeune fille belge en Kimono, par Kojima Torajiro, 1911. Kojima incarne parfaitement ici l'esprit d'échange culturel entre l'art occidental et l'art japonais, maîtrisant l'art de l'impressionnisme français tout en représentant une jeune fille occidentale vêtue d'un kimono japonais.

Au début du XXe siècle, Ohara Magosaburo, guidé par le principe de “faire ce qui est utile à la société dans son ensemble”, a vu le potentiel du peintre Kojima Torajiro et l’a envoyé en Europe pour y étudier. Plongé dans les mouvements d’avant-garde qui secouaient l’art européen, Kojima est revenu convaincu qu’une collection d’œuvres occidentales (comme celles de Monet, Gauguin et Picasso) serait bénéfique pour la communauté artistique japonaise.
Bien qu’hésitant au départ, Ohara a finalement accepté après avoir constaté les réactions positives à ces acquisitions. Après la mort prématurée de Kojima, Ohara a fondé le musée d’art Ohara en utilisant la précieuse collection qu'ils avaient constituée. Ce projet n'était pas le simple passe-temps d’un riche mécène, mais une initiative réfléchie visant à faire découvrir et intégrer l'art occidental dans la culture japonaise en pleine transformation, à une époque charnière où le Japon s'ouvrait au monde.

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L'architecture du musée s'inspire de plusieurs styles, notamment l'Art Nouveau, et l'on peut y trouver des clins d'œil à l'évolution du bâtiment lui-même, comme un mur construit avec d'anciennes pierres intégrées à de nouveaux matériaux, faisant du bâtiment une œuvre d'art à part entière. C’est un magnifique exemple d’esthétique occidentale alliée à la sensibilité japonaise. En parcourant les galeries, je n’ai pu m’empêcher de réfléchir à la vision d’Ohara et de Kojima qui ont permis l’arrivée de telles œuvres au Japon, initiant un dialogue culturel qui perdure encore aujourd’hui. Au fil du temps, les descendants d’Ohara ont continué d’élargir la collection, en y ajoutant des peintures japonaises modernes ainsi que de l’art contemporain, maintenant ainsi le musée d’art Ohara à l’avant-garde de l’innovation artistique.

L’art hors les murs du musée : à la découverte des cafés de Kurashiki

Quitter le musée n’a pas marqué la fin des découvertes artistiques de la journée. À l’approche du soir, je me suis dirigée vers Moon Grace, un café voisin réputé pour son ambiance artistique et son menu innovant. Le café participe à une campagne événementielle locale et propose ainsi des douceurs inspirées par l’art, qui ravissent autant les papilles que les yeux.

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J'ai commandé le "Windmill Parfait", un dessert inspiré par la peinture de Paul Signac intitulée "Canal d’Avercy", qui fait partie de la collection d'Ohara. Le parfait était composé de couches de gelée, de glace, de raisins et de noix, le tout orné de fleurs comestibles reflétant la palette de couleurs délicates de Signac. L'assiette était décorée de manière créative, avec des vagues bleues réalisées à partir de thé de pois papillon et de crème fouettée, évoquant les scènes aquatiques de la peinture. Ce dessert est disponible pour une durée limitée dans le cadre d'une campagne locale, mais c'est justement cela qui fait le charme de Kurashiki, où l'on peut découvrir des événements élégants comme celui-ci !

Jour 3 : Shodoshima, une île entre art, histoire et héritage culinaire

Shodoshima est la deuxième plus grande île de la région, célèbre pour son climat tempéré semblable à celui de la Méditerranée, ce qui a permis au Japon de connaître l’un de ses premiers succès dans la culture des olives. Mais au-delà des olives, l'île est aussi reconnue pour ses traditions séculaires de production de sauce soja, ses paysages ruraux pittoresques et sa réputation grandissante en tant que centre artistique, ce qui est la principale raison de ma visite.

Safari artistique sur la péninsule de Mito

Ainsi commence la prochaine étape de mon voyage, sur l'une des îles artistiques de la triennale de Setouchi, célèbre pour ses installations en plein air et sa beauté naturelle. Une fois à Shodoshima, facilement accessible en ferry depuis Okayama, je me suis dirigée vers la péninsule de Mito, où l’on découvre des œuvres d'art à la fois permanentes et spécialement créées pour le site.

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Toutes les œuvres représentées sont actuellement exposées de façon permanente. En haut à gauche : Liminal Air -core- de Shinji Ohmaki dans la zone portuaire de Takamatsu. En haut à droite : again… de Kim Kyoung-Min au port de Tonosho. En bas à gauche : Toshimitsu Ito+ Faculté des Arts, Université municipale d’Hiroshima “DAIDARAURUTORABOU” sur la péninsule de Mito. En bas à droite : Koshino Junko “Art no SHOW TERMINAL” au port de Tonosho.

Là, je me suis lancée dans ce que les habitants appellent un “safari artistique”, serpentant à travers des routes sinueuses et des sentiers côtiers pour découvrir certains des trésors cachés de l’île. Parmi les moments forts, il y avait le Crabe Ermite, une sculpture en bois géante, astucieusement dissimulée dans une maison abandonnée, un véritable défi à trouver. Son emplacement surréaliste dans un quartier tranquille lui conférait une aura presque mythique.

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Gauche : Le Crabe Ermite de la Maison Humaine par Daisuke Omi. Droite : Shiko Miyake “Le temps du commencement”.

Non loin de là, j’ai découvert "Le temps du commencement", une sculpture en forme d'œuf fissuré, placée devant l’étendue scintillante de la mer intérieure de Seto. J'avais parfaitement choisi mon moment, avec le soleil de l'après-midi qui baignait l'œuvre et les vagues de teintes dorées.

Si les sculptures étaient impressionnantes, le trajet pour les atteindre n’était pas en reste, d'autant plus grâce à mon chauffeur de taxi, qui endossait également le rôle de guide artistique non officiel. Il m’a conduite d’un site à l’autre, traversant les collines ondulantes de la péninsule de Santo jusqu’à l’hôtel Olivian Shodoshima Yuhigaoka où nous logions. Le goût du chauffeur pour ces œuvres a simplifié la localisation des meilleurs endroits où se rendre pour les observer.

Maze Town et Hishio no Sato

Maze Town

Après une matinée consacrée à l'art, je me suis aventurée dans le quartier de Maze Town, célèbre pour ses ruelles étroites et son atmosphère féerique. Historiquement, ce quartier fut agencé de manière à dérouter les pirates et les ennemis, ce qui lui valut sa réputation de labyrinthe. Malgré son nom, le quartier n’était pas difficile à explorer, mais ses chemins sinueux offraient néanmoins une agréable sensation de jeu et de découverte.

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Les bâtiments étaient ornés de yokai (créatures folkloriques japonaises). Leurs formes colorées et parfois espiègles se glissent dans les coins ou sont peintes sur les murs.

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Au centre de la ville, j’ai trouvé une charmante pagode entourée de murs en pierre, un endroit paisible pour faire une courte pause. En grimpant une colline voisine, j’ai découvert un clocher qui offrait une vue panoramique sur la ville environnante et la mer au loin.

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Au-delà de son ambiance tranquille et pittoresque, Maze Town possède un charme indéniable qui rend la visite pleinement méritée.

Hishio no Sato

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Ensuite, je me suis dirigée vers Hishio no Sato, le quartier historique de la fabrication de sauce soja et de sel de Shodoshima. Cette région attire de nombreux visiteurs grâce à son héritage culinaire vieux de 400 ans. L'air était imprégné du parfum riche de la sauce soja en fermentation, un processus traditionnel qui consiste à cuire des graines de soja à la vapeur, les mélanger avec du blé rôti et de la moisissure de koji, puis à faire vieillir le tout dans de grands fûts en cèdre pendant plusieurs mois, voire des années, jusqu'à ce qu'il développe sa saveur profonde et distinctive. Se promener dans les brasseries traditionnelles, c’était comme remonter le temps. Beaucoup d’usines continuent d’utiliser les mêmes fûts en cèdre qui sont en service depuis des décennies.

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La glace à la sauce soja est une spécialité locale, offrant une surprenante alliance de saveurs sucrées et salées, à l’image de nombreuses douceurs et collations typiques de la région. Cet équilibre de goûts illustre parfaitement la manière dont l'île fusionne son riche passé avec une créativité moderne. Et si vous souhaitez rapporter un souvenir gustatif de Shodoshima, la sauce soja artisanale est un incontournable.

Jour 4 : château de Himeji et jardin Kokoen

La beauté tranquille du jardin Kokoen

J'ai débuté mon quatrième et dernier jour de voyage à bord d'un ferry express, plutôt pratique, qui relie Shodoshima à Himeji, savourant un rythme plus tranquille après plusieurs jours bien remplis. Ma première escale de la journée fut le jardin Kokoen, situé juste à côté du château de Himeji. Cette oasis inspirée de l’époque d’Edo offrit l'endroit parfait pour me détendre. Contrairement au jardin Korakuen, vaste et propice à une déambulation libre autour d'un étang central, Kokoen est plus intime, divisé en plusieurs sections distinctes, chacune séparée par des couloirs et des murs qui encadrent les vues comme des tableaux minutieusement composés.

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Dès l'entrée, un couloir s'ouvre sur un grand étang, vous menant le long d'un parcours plus défini qui invite à une exploration lente et attentive de chaque zone thématique. Le charme du lieu réside dans ces espaces intimes et dans les perspectives soignées qu'ils offrent, certaines vues permettant même d'apercevoir le château de Himeji à travers la verdure du jardin.

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Les couleurs changeantes de l'automne, mêlées à la verdure luxuriante du jardin, étaient particulièrement belles alors qu'elles se reflétaient sur les étangs calmes. J’ai suivi des sentiers sinueux, traversant un bosquet de bambous qui se balançaient doucement sous la brise, avant de me laisser bercer par le doux murmure de l'eau courant dans un petit ruisseau artificiel.

Au bout du jardin, à l’ouest, je trouvai le pavillon de thé Soju-an, où je me suis arrêtée pour savourer un thé matcha traditionnel. Installée près d'une fenêtre donnant sur un coin tranquille et pittoresque du jardin, j’ai dégusté ce thé vert intense, accompagné de wagashi finement préparé, garni d'une savoureuse pâte de haricots rouges.

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L'expérience s'est déroulée sans hâte, me rappelant de savourer non seulement les saveurs, mais aussi le paysage. Kokoen, bien que plus petit que l'imposant jardin Korakuen à Okayama, séduit par son intimité et son attention aux moindres détails, en faisant de lui un véritable trésor à part entière. Contrairement au jardin historique des daimyos de Korakuen, Kokoen est une création relativement récente, aménagée en 1992 pour célébrer le centenaire du gouvernement municipal de Himeji, lui conférant ainsi une dimension moderne de patrimoine qui s'harmonise parfaitement avec son design raffiné.

Exploration du majestueux château de Himeji

Depuis le jardin Kokoen, je me suis dirigée vers le château de Himeji, véritable point d'orgue de ma journée. En m'approchant du château par la porte principale, appelée Otemon, j'ai été immédiatement frappée par sa majestuosité. Ayant toujours admiré sa silhouette lointaine depuis le Shinkansen, j'attendais cette visite avec une grande impatience. Les murs d'un blanc éclatant du château de Himeji (souvent surnommé le "château du Héron Blanc" en raison de ses toits élégants dont la forme évoque des ailes) se détachaient magnifiquement sur le ciel bleu, donnant à l'ensemble une impression presque irréelle.

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Son histoire remonte au début du XIVe siècle, une période marquée par des troubles civils et des rébellions contre le shogunat Kamakura, durant laquelle un fort fut établi sur ce site. La structure actuelle, cependant, prit véritablement forme au début du XVIIe siècle, lorsque le pays entra dans une ère plus stable grâce à la paix instaurée par l’époque d’Edo (1603-1868), ouvrant la voie à des réalisations architecturales plus ambitieuses. Ce château remarquable a été inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1993, salué comme chef-d'œuvre architectural exceptionnel de son époque.

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En déambulant sur les terres du château, il est facile de s'émerveiller face à l'ingéniosité de sa conception, comme les murs de pierre inclinés et le positionnement stratégique des portes, pensées pour ralentir les avancées ennemies. Un détail pratique pour la visite est la possibilité de télécharger une application qui propose de courts clips explicatifs à plusieurs endroits clés. Par exemple, j'ai découvert des éléments fascinants, comme les “fenêtres fantômes” trouvées lors d'une récente restauration au dernier étage du donjon principal, supposées faire partie d'un plan de conception abandonné. Ce château est l'un des 12 châteaux originaux du Japon à avoir conservé son apparence authentique, offrant ainsi une occasion rare d'admirer ses structures d'origine et ses escaliers en bois escarpés.

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Les informations d'accès indiquent que la dernière admission a lieu une heure avant la fermeture, et une fois à l'intérieur, il est facile de comprendre pourquoi. Le château de Himeji, en contraste frappant avec le château reconstruit d'Okayama, a conservé une grande partie de son aspect d'origine du XVIIe siècle. Il faut au moins 30 minutes pour atteindre l'observatoire au sommet du donjon à six étages, sans compter le temps supplémentaire nécessaire pour explorer ce vaste château, riche en histoire. Lorsqu’on est arrivé, la vue panoramique depuis le château offre les meilleures perspectives sur la ville.

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Il est fascinant de constater à quel point l'expérience peut varier d’un château à l’autre.

L'un a su exploiter pleinement les possibilités offertes par la nécessité d’une reconstruction et, fidèle à son extérieur élégant et moderne, a métamorphosé son intérieur en un musée interactif et contemporain. L'autre, préservant son essence, met en valeur ses racines historiques pour surprendre le public actuel avec son génie architectural séculaire, tout en intégrant des technologies modernes telles que les applications pour smartphones, afin de rester à la pointe sans compromettre sa valeur historique et structurelle.

Je suis vraiment reconnaissante d'avoir eu l'occasion de vivre ces deux expériences.

En quatre jours, la région de Setouchi s’est dévoilée comme un lieu où l’histoire et la créativité se rencontrent de façon surprenante. Chaque destination a apporté sa propre richesse et personnalité, enracinant l'expérience dans l'identité de la région, qui réussit à allier avec brio tradition et innovation. Et le plus grand de ses charmes : elle laisse sans aucun doute un désir irrésistible de revenir pour en explorer davantage.

DESTINATION LIÉE

Hyogo

La préfecture de Hyogo se trouve approximativement au centre de l’archipel du Japon. Elle possède le port de Kobe qui joue un rôle important comme porte d’entrée du Japon. Elle est également dotée de nombreux sites touristiques comme le Château de Himeji, classé patrimoine mondial par l’UNESCO et plusieurs régions de sources chaudes onsen. Le boeuf de Kobe, une des trois grandes marques de boeuf japonais wagyu, est un de ses délices.

Hyogo