Aventure & Experience

4 jours à la découverte des trésors secrets et des paysages naturels de la vallée d'Iya, sur l'île de Shikoku

4 jours à la découverte des trésors secrets et des paysages naturels de la vallée d'Iya, sur l'île de Shikoku

Cet itinéraire de 4 jours à travers le nord de Shikoku, à la frontière sud de la mer intérieure de Seto, vous emmènera à la découverte des anciennes villes portuaires de Takamatsu et Marugame, abritant chacune un château, puis dans la ville spirituelle et culturelle de Kotohira, à Kagawa, avant de plonger dans les gorges profondes et sinueuses de la vallée d'Iya, au cœur de la préfecture de Tokushima. Accompagnez-moi de Kagawa à Tokushima, le temps d’un voyage mêlant patrimoine et aventure en plein air.

Jour 1 : Takamatsu et Marugame – un jardin splendide et un château imposant

Mon voyage a commencé à Takamatsu, où je me suis dirigé sans hésiter vers le jardin de Ritsurin, un havre de 400 ans qui incarne à la fois la puissance et la tranquillité de la région. Ce vaste jardin servait autrefois de villa de loisirs aux seigneurs féodaux de Takamatsu, divertissant leurs invités avec des cérémonies de thé, de la poésie et des spectacles artistiques pendant plus de deux siècles, jusqu'à la Restauration de Meiji, en 1868. Le jardin est ouvert au public depuis 1875.

Ritsurin Garden 1

Je me suis laissé porter par la tranquillité des sentiers, traversant des ponts et gravissant des marches de pierre, montant et descendant des escaliers, tout en savourant les multiples panoramas qu'offre le jardin. Au milieu de plus d’un millier de pins soigneusement sculptés par des maîtres bonsaï, la douce pluie ajoutait un éclat délicat au paysage, intensifiant les couleurs vives du jardin et la clarté des étangs à carpes koï.

Ritsurin Garden 2

Le Kikugetsu-tei, le salon de thé le plus délicieusement traditionnel de Ritsurin, se trouve en bordure de l’étang Sud. Là, je me suis arrêté pour admirer la vue parfaitement cadrée sur le splendide Neagari Goyo-matsu : un immense pin blanc du Japon, offert en 1833 par le 11e shogun Tokugawa sous la forme d’un bonsaï miniature. À l’intérieur du salon de thé, j'ai eu l'opportunité de préparer des wasanbon – des sucreries japonaises d'une finesse exceptionnelle, réalisées avec un sucre de qualité supérieure produit localement dans la préfecture de Kagawa, spécifiquement pour les cérémonies de thé. J'ai ensuite fouetté mon propre thé vert à partir de poudre de matcha. La douceur des wasanbon, rappelant celle du sirop d’érable, et l'amertume subtile du matcha persistèrent sur mes lèvres, tandis que je me posais tranquillement au fond du Kikugetsu-tei, d'où l’on peut contempler directement le paisible étang et ses trois petits îlots.

Ritsurin Garden 3

Plus tard, j'ai savouré un délicat bento composé de sashimi de dorade et de légumes locaux fraîchement marinés, accompagné de Sanuki Udon chauds, épais et moelleux, dans une salle en tatami privée du Hanazono-tei, un modeste salon de thé de style ancien qui borde le paisible étang du Nord. Après le déjeuner, j'ai grimpé jusqu'au sommet de la colline Fuyoho pour admirer une vue panoramique de l'étang du Nord, avec le mont Shiun en toile de fond. Le pont Bairin, d'un rouge éclatant, scintillait tel un joyau précieux, s'intégrant parfaitement dans ce paysage d'un vert jade, délicatement encadré par les pins tordus.

Ritsurin Garden 4
Ritsurin Garden 5

L’excitation me gagna alors que j’approchais des murs de pierre du château de Marugame en quittant la gare. Son donjon emblématique se dessina progressivement à l'horizon, offrant un contraste saisissant avec les rues de la ville.


Un pousse-pousse passa en trombe devant moi tandis que je traversais le fossé pour pénétrer dans l'enceinte du château, et je m'arrêtai devant la majestueuse porte d'entrée d'Ote Ichi no mon. À l'intérieur de cette longue entrée menant à la tourelle, je pris un moment pour admirer son architecture ancienne, avec ses piliers et poutres en bois d'origine, au milieu desquels se trouve un modèle du tambour que les membres du clan frappaient autrefois pour annoncer l’heure.

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Le château de Marugame est surtout célèbre pour ses imposants murs de pierre – construits à l'aide de plusieurs techniques de construction datant du XVIIe siècle. Ils seraient d’ailleurs les plus hauts du Japon. En grimpant la pente escarpée de Mikaeri-Zaka, alors que je me rapprochais du donjon, je me suis arrêté pour toucher les angles des murs de pierre qui s'arc-boutent gracieusement.

Marugame Castle 2
Marugame Castle 3

Le donjon compact de Marugame, édifié il y a plus de quatre siècles, est l'un des 12 donjons en bois encore en place au Japon, en excluant ceux qui ont été reconstruits après avoir été détruits par la guerre ou diverses politiques. Contrairement à la plupart des donjons transformés en musées, celui de Marugame reste sobre et dépouillé, permettant ainsi d’apprécier pleinement son architecture originale et la qualité de sa restauration. À l’extérieur, j'ai été émerveillé par les différents styles de pignons, le blason « Yotsumeyuimon » de la famille Kyogoku, ainsi que l’élégant treillis en bois qui orne le côté nord du bâtiment.

Marugame Castle 4
Marugame Castle 5

Jour 2 : Kotohira – culture Kabuki et Sanuki Udon

Le lendemain, un train local m’a mené à Kotohira, une ville réputée pour son magnifique sanctuaire et son impressionnant chemin de pèlerinage composé de 1368 marches en pierre. Kotohira est également célèbre, car elle abrite le plus ancien théâtre Kabuki du Japon encore en état, construit en 1835. Connu sous le nom de Kanamaru-za, cet édifice historique a été rebaptisé l’Ancien Kompira Oshibai après avoir été classé Bien Culturel Important en 1970.

En traversant l’arcade commerçante qui relie la gare au théâtre, j’ai remarqué que les murs étaient ornés de nombreuses peintures représentant des personnages et des scènes emblématiques du Kabuki. C’est, notamment en découvrant pour la première fois le théâtre magnifiquement restauré, avec sa façade d'un blanc immaculé, ses portes en bois, ses lanternes rouges et ses tonneaux de saké, perché sur une colline au cœur des montagnes enveloppées de brume, que j’ai eu véritablement le souffle coupé.

Kompira theatre 1
Kompira theatre 2


L’intérieur s’est révélé encore plus enchanteur. J'ai retiré mes chaussures, puis je me suis laissé imprégner par l'atmosphère du lieu, explorant ses nombreux détails pleins de vie. Le plafond m’a le plus marqué : un magnifique treillis de bambou à partir duquel sont suspendues d’élégantes lanternes en papier noir et blanc dans un style moderne.

Kompira theatre 3
Kompira theatre 4

J’ai pris un immense plaisir à explorer les coulisses, les différents sièges, et, surtout, le mystérieux naraku, ce monde souterrain abritant des trappes mobiles et une scène tournante, encore entièrement actionnée à la main aujourd’hui. Je me suis juré de revenir un jour pour vivre une représentation en direct.

Nakano Udon School 1

Mais d’abord, place aux nouilles. Je me suis aventuré sur la rue principale de Kotohira jusqu’à l’école Nakano Udon, afin de m’initier à l’art de la préparation des Sanuki Udon, ces nouilles emblématiques de la région, réputées pour leur épaisseur et leur texture moelleuse. Après m’être enregistré, être monté à l’étage et avoir revêtu mon tablier, j’ai retroussé mes manches, prêt à plonger dans un atelier de 50 minutes dédié à la fabrication des udon. Cela a commencé avec un imposant bloc de pâte à udon vieillie, soigneusement préparée à l’avance par le chef, nous permettant ainsi de passer directement à la pratique. Nous avons appris à l’aplatir à l’aide d’un rouleau spécialement conçu, à l’enrouler, puis à la découper avec précision en lanières de 4 millimètres de large. Ces nouilles allaient devenir ensuite notre repas, que nous ferions cuire avant de le déguster sur place.

Nakano Udon School 2

Différentes étapes ont suivi. Ensuite, nous nous sommes mis en groupe pour mélanger la farine avec de l'eau salée afin de créer un bloc de pâte fraîche. Puis, nous avons pétri et frappé la pâte au rythme d’une musique entraînante, avant de rouler notre morceau fait maison pour le ramener chez nous. Place aux photos de fin de session !

Nakano Udon School 3
Nakano Udon School 4

Enfin, nous sommes montés à un autre étage dans une pièce décorée de posters vintage sur le thème des udon, où des tables et des tabourets nous attendaient avec des réchauds et des bols prêts à l'emploi. J'ai fait cuire mes udon préalablement découpés et les ai mangés directement dans la casserole, assaisonnés de gingembre et trempés dans un bouillon de dashi chaud. Malgré quelques brins coupés de manière inégale, les udon de l'école Nakano Udon étaient agréablement salés, moelleux et savoureux.

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Mon certificat soigneusement enroulé autour de mon rouleau à pâtisserie souvenir de Sanuki Udon, j’ai pris le train de Kotohira à la station Iyaguchi, porte d'entrée officielle de la mystérieuse vallée d'Iya, au cœur de Shikoku.

Depuis Iyaguchi, j'ai emprunté l'ancienne route de la vallée d'Iya, aujourd'hui devenue la Route nationale 32. Une grande partie de la beauté naturelle de la vallée reste préservée, car son isolement relatif fait que s'y rendre est déjà une véritable aventure.

Iya Valley 1

Après avoir serpenté à travers les montagnes pittoresques, je suis enfin arrivé à l'élégant Hôtel Iya Onsen. À ce moment-là, j'étais plus qu'impatient de profiter d'un bain réparateur dans leur grand rotenburo (bain en plein air), situé le long de la rive de la rivière Iya, à 170 mètres en contrebas de l'hôtel. Un téléphérique dédié m'a lentement, mais sûrement descendu jusqu'au bord de l'eau. La vue, depuis le bain, était presque irréelle – la vapeur s'élevait de l'eau chaude, tandis que le brouillard montait au-dessus des arbres de la vallée, au-delà de la rivière.

Iya Valley 2

Après le petit-déjeuner, je me suis dirigé vers la terrasse surplombant la vallée pour profiter de l'air frais, en prenant quelques graines de tournesol auprès du personnel de l'hôtel. À ma grande surprise, une yamagara (mésange variée) est venue picorer les graines directement dans ma main.

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Jour 3 : Vallée d’Iya – vues vertigineuses et vignes suspendues

Je retins mon souffle en contemplant la vue depuis l'endroit le plus célèbre et le plus dangereux de la vallée d'Iya, à quelques pas de l'hôtel. Là se trouve la statue de bronze d'un garçon en train d'uriner, qui se balance au bord d'une falaise vertigineuse, à 200 mètres au-dessus du ravin. La statue rendrait hommage au courage des jeunes garçons d'autrefois, qui testaient leur audace en urinant depuis le bord de la falaise, face au vide.

Iya Valley 4

Après un nouveau trajet sinueux à travers les virages du ravin, je contemplai le virage le plus remarquable, appelé Hi-no-Ji Bend. Ce nom fait référence au hiragana japonais dont la forme ressemble à celle d’un fer à cheval (ひ), en raison de la courbe prononcée et de la crête aiguë de la topographie naturelle du lieu.

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Un peu plus loin, j'arrivai à Kazurabashi Yumebutai, un centre d'accueil polyvalent où l'on trouve de nombreux souvenirs et spécialités locales. Après avoir jeté un œil aux produits et pris une petite collation, je descendis la colline pour atteindre l'attraction principale : le Iya-no-Kazurabashi, un pont de 45 mètres de long, suspendu à 14 mètres au-dessus du canyon rocheux, construit entièrement en lianes.

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C'est là que ma peur des hauteurs, ancrée depuis l'enfance, s’est faite viscéralement ressentir – pourtant, je suis certain que les amateurs de sensations fortes se régaleront à traverser ce pont suspendu qui balance dangereusement, donnant l'illusion qu'un faux pas pourrait les faire chuter dans le vide.


Pendant la période Heian (794-1185), le clan Heike prospérait à la cour impériale japonaise, avant de sombrer après avoir perdu une lutte de pouvoir. Les souverains déchus se réfugièrent dans ces montagnes, où ils construisirent des ponts en lianes, faciles à couper en cas de poursuite ennemie. Rassurez-vous toutefois, le pont actuel est parfaitement sécurisé : il est renforcé par des câbles en acier dissimulés sous les lianes tressées, qui sont remplacées tous les trois ans. En soirée, le Kazurabashi était magnifiquement illuminé, projetant une lumière douce sur le ravin environnant.

Jour 4 : Oboke-Koboke – Iya Soba et rapides verdoyantes

De l'autre côté du tunnel d'Iya, la Route 32 serpente le long de la rivière Yoshino, suspendue à environ 15-20 mètres au-dessus des gorges d'Oboke et Koboke. Depuis la route, je n'ai pas mis longtemps à être émerveillé par le spectacle des feuilles d'automne flamboyantes. J'arrivai ensuite à la station routière West-West et, en poursuivant ma marche vers le nord, je découvris l' Iya Soba Momiji-tei, un restaurant niché au cœur d'un jardin d'érables japonais. C'était l'endroit idéal, et le moment parfait, pour une pause déjeuner.

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Le restaurant est installé dans une maison traditionnelle au toit de chaume, datant de 250 ans, un exemple emblématique de l'architecture d'Iya. Près de l'entrée, une roue à eau reproduit fidèlement celle qui, autrefois, alimentait un moulin à sarrasin pour fabriquer les soba d'Iya – ces nouilles courtes et épaisses, de couleur brun clair, qui ont nourri pendant des générations les descendants du clan Heike, leur permettant de survivre et de prospérer dans cette région difficile. Au Momiji-tei, on m'a servi un bol de soba bien chaud, préparé par Tsuzuki, le fabricant de soba le plus réputé de la vallée d'Iya. Les nouilles, au léger goût de noisette, étaient étonnamment tendres. Le bol de riz qui les accompagnait contenait des tempura parfaitement frits, légers et croquants.

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À l'intérieur de la salle à manger, un éclairage Andon spécialement conçu, inspiré des lanternes en papier traditionnelles, met en valeur les détails de la structure du toit, tandis que des luminaires en washi asymétriques diffusent une lumière douce, créant une atmosphère chaleureuse dans tout l'intérieur. À l'arrière de la maison, où j'avais la chance d'être installé, de grandes fenêtres remplacent les murs, offrant une vue imprenable sur la gorge d'Oboke.

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Photo prise par drone par Todd Fong, avec autorisation de survoler la zone.

La région des gorges d'Oboke-Koboke traverse les montagnes de Shikoku, à l'ouest de la préfecture de Tokushima. Formées il y a entre 100 et 200 millions d'années, ces gorges ont été creusées dans les montagnes par le puissant courant de la rivière Yoshino, qui prend sa source dans les montagnes de la préfecture de Kochi, avant de tourner brusquement pour couler paisiblement à travers Tokushima.

Certaines sections des gorges d'Oboke-Koboke sont plus larges et tranquilles, idéales pour une croisière fluviale qui permet d'explorer de près la beauté naturelle des gorges, et, notamment, ses formations rocheuses uniques. Pour une aventure plus dynamique et immersive, les amateurs de sensations fortes peuvent se lancer dans le rafting en eau vive – les gorges d'Oboke et de Koboke étant réputées pour être le berceau du rafting au Japon, permettant la descente palpitante de rapides de classe 3 et 4. Bien que l'air fût frais en automne, bien équipé avec plusieurs couches de combinaisons et un gilet de sauvetage, je n’ai presque pas ressenti le froid. Cependant, la meilleure saison pour vivre l'expérience la plus excitante du rafting reste l'été !

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Plus au nord, sur la Route 32, je me suis arrêté au belvédère de la gorge de Koboke, à seulement cinq minutes à pied de la route principale. Cette plateforme d’observation, simple, mais stratégiquement située, offre une vue spectaculaire sur le ravin étroit de grès, particulièrement époustouflante en ce début d'automne. L’eau de la rivière, d’un vert émeraude intense, se frayait un chemin entre les rochers de grès pâle, créant un contraste saisissant avec le feuillage coloré qui tapissait la montagne. Le vert profond de l'été laissait peu à peu place aux teintes chaudes du rouge, de l'orange et du jaune.

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Photo prise par drone par Todd Fong, avec autorisation de survoler la zone.

Je n'aurais pas pu espérer un spectacle plus magnifique pour conclure mon merveilleux voyage à travers la vallée d'Iya.

DESTINATION LIÉE

Tokushima

Elle a de nombreuses ressources touristiques dont le Détroit de Naruto, un des plus grands courants avec tourbillons du monde et la Vallée d’Iya, qui séduit tous ceux qui découvrent son extraordinaire paysage naturel. Le Festival de Danse Awa, qui attire 1,3 millions de touristes, est à ne pas manquer.

Tokushima