Aventure & Experience
Ponts, châteaux et mémoriaux à Iwakuni et Hiroshima
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- DERNIÈRE MISE À JOUR
- 22 Mars, 2022
À l’ouest de la mer intérieure de Seto, les villes d’Iwakuni et de Hiroshima abritent certains des sites touristiques les plus emblématiques du Japon. Ensemble, ils témoignent de la riche histoire du pays à travers l’ingénierie, l’architecture et la résilience face au climat et à la guerre.
Traversez Kintaikyo, le pont artisanal historique d’Iwakuni
L’emblématique Kintaikyo (錦帯橋) d’Iwakuni est l’un des trois ponts les plus célèbres du Japon. Il enjambe la rivière Nishiki de ses cinq travées en bois, une prouesse d’ingénierie unique au monde. Éclairé chaque nuit par des projecteurs colorés depuis les berges, et mis en valeur par des feux d’artifice chaque été au mois d’août, et fait la fierté de la ville. Kintaikyo a même son propre festival annuel le 29 avril, au cours duquel les habitants d’Iwakuni rendent hommage à leurs ancêtres qui ont construit et reconstruit le pont depuis 1673.
Par mesure de prévention de la propagation de l’épidémie de coronavirus, tous les événements autour du Kintaikyo ont été annulés en 2021.
En effet, l’une des raisons pour lesquelles Kintaikyo est si apprécié, c’est sa pérennité au fil des siècles, assurée par les charpentiers de la ville qui se transmettent leurs techniques artisanales de génération en génération. Les piliers du pont d’origine se sont écroulés suite à une violente tempête quelques mois seulement après sa construction, mais le pont fut rapidement reconstruit avec des piliers renforcés en 1674. Il est resté intact pendant 276 ans, jusqu’à ce qu’il soit frappé par un typhon en 1950 et de nouveau reconstruit en bois, fidèle à sa conception d’origine.
En 2004, le pont fut rénové et renforcé avec du cyprès japonais d’après le modèle de son prototype de l’époque d’Edo, en utilisant une technique de charpente composée de coins, de traverses et de poutres, reliés par des courroies en métal et des clous. Depuis les deux rives, on voit la charpente complexe et méticuleuse de la partie inférieure du pont, qui est, de plus, résistante aux tremblements de terre.
En journée, les teintes discrètes de Kintaikyo se fondent dans son environnement naturel, et la légèreté de ses travées de bois en forme d’ailes contrastent avec la solidité de ses imposants piliers de pierres. En traversant les cinq bosses de ce pont à pied, j’avais l’impression d’être sur des montagnes russes piétonnes tournant au ralenti, sans être limitée dans le temps pour profiter de la vue tout autour. Presque tous les soirs, des photographes viennent installer leurs trépieds des deux côtés de la rivière pour immortaliser les illuminations nocturnes.
Grimpez jusqu’au château blanc d’Iwakuni
À l’origine, le pont de Kintaikyo fut construit pour relier le quartier des samouraïs et le quartier marchand, séparés par la rivière Nishiki. Large de 200 mètres, la rivière servait de douve naturelle pour le château perché au sommet du mont Shiroyama, dont le socle d’origine, en pierres, est toujours intact. Le château lui-même fut démoli en 1615, soit sept ans après sa construction, lorsque le shogun adopta le décret « une province, un château » (ikkoku ichijo).
L’actuelle tour du château d’Iwakuni (岩国城天守) est une reconstruction de 1962, qui offre à voir l’image typique du château blanc sur sa colline. On peut apercevoir sa structure compacte depuis Kintaikyo, qui, illuminée la nuit, semble faire partie d’un paysage d’ukiyo-e de l’époque d’Edo.
Après une promenade tranquille dans le parc Kikko, vous pourrez choisir de grimper au château à pied, ou de monter à bord d’un téléphérique qui vous mènera au sommet. À l’intérieur du château, des épées et des armures de samouraï sont exposées, ainsi que des objets d’art et autres artéfacts liés à son histoire. Mais la véritable attraction du château, c’est la vue panoramique offerte par la tour de guet, qui surplombe la ville d’Iwakuni, et d’où l’on peut admirer Kintaikyo se fondre dans le paysage, enjambant la rivière Nishiki devant la mer intérieure de Seto.
Contemplez le pont depuis un bain thermal à Kintaikyo Onsen Itsutsubashi no Sato
Sur la rive est de Nishiki, l’hôtel de luxe Iwakuni Kokusai Kanko propose une vue plus intime du pont Kintai depuis son Kintaikyo Onsen Itsutsubashi no Sato (錦帯橋温泉いつつばしの里), d’où vous pouvez admirer en toute tranquillité ce fameux pont, se détachant devant la forêt verdoyante du mont Shiroyama en arrière-plan. Vous pouvez choisir entre plusieurs types de bains, et même profiter d’un bain privé sur la terrasse de votre chambre. La salle de repos et le couloir qui mène à l’onsen public ont été construits avec des matériaux directement issus du pont Kintai, lors de sa dernière restauration en 2004.
Dégustez des spiritueux artisanaux dans la distillerie Sakurao de Hiroshima
La Distillerie Sakurao (桜尾蒸留所),créée en 2017 pour célébrer le centième anniversaire de la brasserie et distillerie Sakurao, se trouve sur la route en direction du centre-ville de Hiroshima, à 10 minutes à pied de la gare de Hatsukaichi. L’ouverture de la distillerie fut aussi l’occasion de lancer le gin artisanal japonais Sakurao, distillé selon des méthodes traditionnelles anglaises, à partir d’ingrédients du terroir comme du citron et autres agrumes, des baies de genièvre, des coquilles d’huîtres, et des fleurs de cerisier, cultivés dans la région d’Aki, au nord-est de la ville de Hiroshima, bénéficiant de son climat montagneux.
La distillerie Sakurao propose une visite guidée qui nous présente les procédés de production de son whisky de malt, de son whisky de grain, et de son gin, au cours de laquelle on l’occasion de découvrir les plantes qui entrent dans leur composition et un alambic fabriqué sur mesure pour distiller le whisky de grain. Après avoir visité les quatre parties différentes de la distillerie, vous pourrez goûter directement sur place les spiritueux fraîchement distillés. (Notez cependant que ces visites sont provisoirement interrompues en raison des mesures de prévention pour faire face à l’épidémie de coronavirus. Vérifiez bien la disponibilité de ces visites auprès de la distillerie Sakurao avant de vous y rendre.)
Priez pour la paix au dôme de la bombe atomique de Hiroshima
En traversant l’immense étendue du parc du Mémorial de la Paix, j’ai du mal à imaginer que ce vaste triangle bordé par deux rivières était autrefois un quartier commercial et résidentiel animé du centre-ville de Hiroshima. Et pourtant, plus de 75 ans après que la première bombe atomique de l’histoire fut larguée à 8h15 le 6 août 1945, le dôme de la bombe atomique, qui survécut à l’attaque, témoigne encore de la dévastation provoquée par le bombardement.
La bombe surnommée « Little Boy » explosa dans un ciel sans nuages, 600 mètres au-dessus de Hiroshima, provoquant une onde de choc qui se propagea plus rapidement que la vitesse du son. L’ancien palais d’exposition industrielle de la préfecture de Hiroshima, situé presque exactement en dessous de la bombe, fut entièrement brûlé par les radiations, mais ses épais murs extérieurs et la structure en acier du dôme résistèrent à l’effondrement. On pense qu’environ 350 000 personnes étaient présentes à Hiroshima ce jour-là et, à la fin de 1945, on estime qu’environ 140 000 personnes n’avaient pas survécu.
Vous pourrez faire le tour du dôme de la bombe atomique pour observer les différents éléments de la structure qui résistèrent ou succombèrent à la force écrasante de l’explosion, ce qui permet de mieux s’imaginer son impact sur une ville entière. Depuis 1996, ce lieu est inscrit au patrimoine mondial, et la ville de Hiroshima s’efforce de préserver le dôme en l’état, afin qu’il puisse témoigner des ravages indicibles des armes nucléaires.
Alors que la dernière génération de hibakusha (survivants de la bombe atomique) continue de militer pour la paix et la fin des armes nucléaires, de nouvelles générations contribuent à sensibiliser le public aux effets durables et dévastateurs de ces armes.
Le jour de ma visite, une vieille femme parlant d’une voix animée et tenant un classeur de photos et de documents d’archives avait attiré une foule. Les gens écoutaient attentivement son récit dramatique des événements qui ont précédé et suivi l’explosion meurtrière. Je me demandais comment elle avait vécu personnellement la bombe et où elle se trouvait à ce moment tragique.
À quelques pas de là, je vis un vélo avec une grande boîte attachée à l’arrière. Sur la boîte, on pouvait lire « NO MORE HIROSHIMAS » en dessous d’une photo du dôme de la bombe atomique. De l’autre côté de la boîte un panneau répondait à la question que je me posais : cette guide bénévole se trouvait dans le ventre de sa mère au moment de l’explosion.
Le pont de Kintai, à Iwakuni, nous relie littéralement à l’histoire des samouraïs de la ville, tandis qu’Hiroshima nous propulse dans un avenir possible où la reconstruction et la résilience font naître l’espoir de la paix.Les villes d’Iwakuni et de Hiroshima sont toutes deux accessibles en train par la ligne du Tokaido Shinkansen. La ligne de train local JR Sanyo relie les deux gares en 50 minutes environ.
Photographs and text by Cherise Fong
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Hiroshima
Hiroshima est la ville centrale des régions de Chugoku. La préfecture de Hiroshima est dotée du Sanctuaire Itsukushima-jinja, avec son élégant portique torii se dressant dans la mer ; du Dôme de la bombe atomique qui transmet l’importance de la paix et de nombreuses autres attractions qui méritent le détour. Elle compte également des objets d’artisanat célèbres dans le monde entier, comme les pinceaux de Kumano.